Eric Fottorino a écrit: “Lorsque la mer se retire, la vase a carte blanche, ou plutôt brune, pour se modeler au gré de qui l’effleure: les carènes de bateaux qui dessinent comme les empreintes de feuilles tombées d’arbres imaginaires et pour le moins géants, le vent qui plisse la surface meuble et découverte, les rivières et les bras de mer momentanément asséchés qui évoquent les artères d’un grand corps immobile. […] À marée basse, la mer découvre aussi un autre monde, souterrain, sous-marin, pareil à autant de blessures, tout au moins de cicatrices, que la vase conserve comme une mémoire. Le bleu s’efface au profit de l’ocre et de la couleur rouille. Surgissent les traces du labeur, les tables des ostréiculteurs. Les mouillages deviennent moulages. Le paysage se fait lunaire, et il faut toute la force de l’imagination pour croire que, dans quelques heures, ce désor sera submergé et effacé comme sur une ardoise magique”.